Fait divers.. : Sans manche sur un dix-manches

La veille, elle l'avait déjà anticipé.Elle savait que ce jour de repos là serait pour elle un jour où elle ne porterait pas sa croix. Le reveil, elle en connaissait d'avance l'heure. Une déformation professionnelle ou les bobos residuels de son coeur. Qui l'appelaient bien trop tôt sur ses débuts de matinées.C'était le printemps, et comme un eternel recommencement, comme l'écoute des premiers chants,d'oiseaux volants,  pour elle aussi, cette date lui donnera son temps. Elle n'avait rien fait d'extraordinaire. Juste tout ce qu'elle avait décidé de faire. Ce qu'elle savait, c'est qu'elle n'avait que les heures d'une demie journée pour tout éponger. Elle voulait son apres midi entier. De longues heures pour lire les textes d'une jolie pièce montée..Elle voulait son corps allongé, près de sa cheminée. Le matin s'était fait sous un rythme assez cadencé. Entre les poussières du feu, un meuble à finir de visser, du petit linge à déplisser, et des jambes à galber, sur un velo d'appartement bien calé. La semaine avait été dure, riche de conflits et de détritus. Le samedi, elle a voulu aussi le combler. Même si elle courait tous les jours dans cette même ville éloignée, ele a voulu y retourner. Un film à l'affiche lui plaisait. Malchanceuse. Forcément. Elle est passée à côté du cinéma printanier. Le tarif réduit, ca commencait le lendemain. La caissière lui a proposé de revenir, si le prix l'étonnait aujourd'hui.Demain, il serait plus interessant. Mais non, son dimanche, de chez elle, jamais elle n'en bougerait. Jeune ou pas, quelque fois, il faut savoir s'écouter. Ca ne sera pas un dimanche à Bamako comme elle a pu le fredonner l'été dernier, mais un simple arret du temps pour qu'elle puisse se retrouver. Les heures se sont ecoulées rapidement. Elle aurait voulu les voir longues, ennuyeuses, pour savourer. Au départ, elle sentait que la sieste l'y aiderait..mais le papa n'a pas de jours pour travailler, ni pour tronçonner. Le bruit de la scie sauteuse, ou les lames sur le bois cassé l'ont empêché de rêver. Et si au début elle avait pesté, elle a su s'en servir autrement, pour s'évader. Son livre, elle l'aura terminé. Elle s'en était régalé. Elle avait si bien géré ses minutes volées qu'elle a même pu repédaler. La chaleur déployée par les flammes d'un feu godin allumé, par l'effort physique rehaussé, lui ont permis de porter le tee shirt et le short des belles journées ensoleillées. Sous une petite lampe de chevet, elle a embaumé de crème au beurre de karité ses jambes un peu gonflées, ses mains un peu désséchées, et envelopper son esprit d'un film transparent, pour éviter le diable rouge assez agacant en ce moment. Elle gardait en tête néanmoins une envolée vers un être migraineux, un peu trop vaseux et d'une poucinette, pour qui une journée n'est jamais passée sans nouvelles échangées.

Le soir commence à tomber.Les jours se sont rallongés. L'angoisse de ces soirées, des repos où les manches ne sont pas retroussés, apparaissent sans consentement. Il faudra bien la supporter. Seulement tout s'allège quand on repense à la chance que l'on a d'avoir pu souffler une journée comme celle là. Apres, d'autres soucis la rattrapperont. Dès demain, sur les branches de son enorme tronc. De vie. Qu'elle mène de front. Tant pis. Elle fera face ou pas. Son genre carpe diem, elle n'en demord pas...

Comments

[lesptiteseugénie]

j'ai la chance d'avoir beaucoup de dimanche dans ma semaine et je suis consciente d'être une grande privilégiée. Aujourd'hui c'en serait presque un si il n'y avait pas dentiste au programme.....
bisous

[charline]

oui le dimanche jour sacre, je jour où l'on recharge ses batteries... on se laisse bercer, porter par les heures, et je crois que la semaine prochaine on en gagne 1...un bon dimanche que tu as passé, c'est ce que j'en déduis

[sylvie]

Se laisser le temps, le temps de souffler , de respirer, de prendre son temps pour aller, demain , encore de l'avant.
Un jour sans obligation , seulement s'écouter et laisser rêver le cerveau fatigué.
Alors vieux ou jeune, l'être en a besoin.
Savoir ses limites est une chance,
savoir s'économiser est vital...
ELLE sait, tant mieux...
profite , repose toi
demain sera différent...