Faits divers..: journal intime
Caché dans son tiroir de chambre, dans un coin du canapé, ensevelit de poussiere parcqu'il est dur à tenir, ouvert, ce journal intime. Il est commencé, comme tout livre.Un peu comme le prologue; on s'en donne une idée. On peut, par quelques mots, suivre le fil de son evasion, realiser son premier jet. Les plages blanches et le cadenas nous font fantasmer. Ils representent l'interdit, une face cachée. Ou du moins, un peu devoilée. Car quand ca ne va pas, on sait le laisser à vu, pour qu'une maman en lise le contenu. La neutralité dans ce cahier n'existe vraiment jamais. On ecrit ses pensées, mais on les deforme. On leur donne une legere tonalité dé moralité, de mensonges ou de menaces soufflées. On parle de nos amours, de nos crises jours apres jours. Du chien du voisin, ou de la fille qui lui tenait la main.. Des gens que l'on deteste, de notre corps, celui contre qui on peste. On ecrit aussi sous de grosses larmes, qu'on laisse volontairement couler pour que les aureoles forment une trace. Ca fait tellement plus "perspicace", plus besoin de parler, elle est là ma carapace!!
On se dit que tous les jours on prendra la plume. Assis sous l'azur ou sur l'enclume. Pas de moments precis. Le soir, quand il etait resté sous l'edredon, ou dans la journée, pour evacuer la pression. Un peu comme un ami, un peu comme un oreiller. On depose sur lui tout le poids de nos soucis.Pourtant à un moment il est oublié.Petit peu par petit peu, il s'est éffacé. C'est vrai on y parle pas souvent de la beauté. L'encre noire marquant une empreinte en bas de la page, le coin corné, une preuve d'une certaine forme de saleté. L'ephemere theatralement dévoilé. Les mysteres, secretement déguisés.
Il disparait avec l'âge ou les activités. Il se perd dans les montagnes de livres entassés. On le retrouve bien plus tard, dans un carton de grenier. On y cherchant d'autres reconforts, sur lui, on tombe nez à nez. On le relit vite fait, puis, plus litteralement. On se tient accroupi, ou en tailleur. On se met à rever eveillé, la bouche en coeur. De droite à gauche la tete est balancée. Impossible d'etre l'auteur de tant d'imbécilité. Et pourtant elle est bien là notre jeunesse. Un moment où la maman n'est plus notre maitresse.Cette femme qui parfois nous affaisse, mais qui est bien l'echo de notre forteresse..La princesse des maux du coeur, la detentrice de la clé des mots de nos moeurs..