Faits divers.. : Les oies.., eau de passage...
Il n'y avait que sa voiture dans la cour. Que sa place à elle pour faire la maîtresse des lieux..La barrière fermée, dans un eden ensoleillé. Depuis la possession des lieux, c'est la première fois qu'elle avait ce vertige là. Celui de ne pas en croire ses yeux..Toutes les pièces s'étaient parées de lumière, chaque recoin s'illuminaient au coeur même de la terre. Comme un appel aux beaux jours, les oies, ce matin, cancanaient déjà. Elles trémoussaient leurs fesses, dandinaient leurs fiertés, se faisaient revêches. Oh, elles pouvaient fanfaronner sous sa fenêtre, l'hamster-bergere ne serait pas leur repas. Il s'avère qu'elle ne pourrait pas courir aussi vite que cette petite bête à poil, mais tout de même..les oies, c'est bien beau, mais ça râle!!Alors s'il faut fuir, autant qu'elle détale!!Et c'est sous cette vision ironisée mais tant appréciée qu'elle buvait son café. Les premiers rayons n'étaient pas suffisant pour tout rechauffer.Il était bien tôt quand son observation commancait. Mais suffisamment intéressant pour admirer et ressentir les détails des débuts de printemps. Elle a ouvert l'abat jour, entrouvert le verre, et à écouter le paradis terrestre. Les oiseaux chantant, le ruisseau rigolant contre les pierres, les moutons bêlant. Sous ces pierres, elle y était depuis quelques temps. Mais jamais elle n'avait réussi à se dire et à sentir qu'elle était chez elle, maintenant. Tout lui semblait encore être partagé, ou dû, ou demandé. Des journées seules, entières elle en a eu. Mais pas un signe comme ce matin n'était apparu. Toute cette énergie soudaine, cette émanation de paix l'ont inondé d'une infinie tension. Qu'elle a bien eu du mal à gérer. Ne parlons pas non plus de sa longue épopée, douloureuse et alitée. Et qu'en bien même il fallait faire attention, ce qu'elle avait toujours rêvé, en venant ici, au moment où rien elle était, enfin lui était destiné. Ses grandes pièces meublées, qui chantaient son nom, qui respiraient son souffle, qui renvoyaient ses illusions..Tout ça la criait..
Dans cet élan de souplesse, où tout lui semblait possible,sur internet, elle a continué ses achats de décorations. Elle a briqué les murs du sol au plafond. Pas fière pour autant, au bout d'une heure, elle dansait toute seule, au milieu du salon. Livide, jaune pâle, sur un demi ton. La valse en deux temps elle venait de connaitre, ces efforts, c'etaient trop tôt pour son corps. L'ivresse de la joie attendra et se limitera à quelques autres explorations.. A remonter les stores pour faire penetrer la vie, à melanger les odeurs de lilas ou de vanille.En attendant le pissenlit. Les portes seront grandes ouvertes pour faire exploser toute la chaleur de sa vaste demeure. Elle aura même trouvé, apres 15H, un recoin éclairé, sur la mezzanine de l'étage superieure. Un velux bien placé, un soleil haut culminé, et deux oreillers sur le sol lancés pour s'allonger et lire quelques pages romancées. Inondée de fatigue, de douleur, mais d'un autre sentiment qu'on appelle..Qu'on appelle B....R.. Ce terme là lui reste bien entre les doigts. Non pas parce qu'elle n'y croit pas, elle l'a déjà ecrit et ressenti. Mais par peur de le perdre, elle préfère ne le rédiger qu'une fois. C'est si vite parti. Le silence règne dans cette moderne bergerie. Le tic tac de la pendule fait son devoir d'horlogerie. Elle voudrait prendre la chaise longue et l'étaler sur le parvis. Si elle pouvait, comme elle n'a pas froid aux yeux, elle le ferait. Mais plutôt raisonnable elle est. L'hamster est une boule de chair qu'il ne fait pas de mettre trop vite à l'air. S'il regonfle, c'est l'enfouissement assuré. Et plus vite elle sera reconditionnée, dans son monde, plus vite elle profitera de ces faits.
Pour enjoliver ses émois, elle a mis en boucle des promenades vocalisées. De douces ballades fredonnées, guitarisées. En solo ou duo. Les murs doivent se formaliser. Ils n'ont pas eu l'habitude d'être sonorisés. Ou par les anciennes vaches, gémissantes de faim, sentant le noir et le purin, dont elle évite de penser, tant elle a la nausée. Plaisanterie faite, il est temps de succomber. Le courant de l'eau n'est pas assez large pour s'y baigner, mais à la lire, elle a de quoi se revigorer..
A mon papounet..
"Fiez vous aux rêves, car en eux est caché la porte de l'éternité". Khalil Gibran